Les vestiges d'un arbre géant place de la Monnaie, symbole de la pression que l'agro-alimentaire fait peser sur l'Amazonie

Bruxelles, Belgique [ 比利時 - 布魯塞爾 ] — Les vestiges d'un Angelim Vermelho ont été installés, ce matin, place de la Monnaie. Entouré de sacs de soja, ce tronc symbolise la pression que l'agro-alimentaire fait peser sur l'Amazonie. Le Brésil pourrait devenir rapidement le premier producteur mondial de soja, une protéine vegétale cultivée en grande partie pour répondre aux besoins de l'agro-alimentaire européen.

L'expansion de cette culture industrielle passe par la reconversion d'une partie de l'Amazonie en terres agricoles. Une reconversion qui se fait au détriment de l'environnement et qui n'apporte aucun mieux-étre social aux habitants - et peuples autochtones - de cette région. Le tronc pèse environ 15 tonnes, mesure 5m de haut et présente, sur sa base, un diamètre similaire. Il sera gardé jour et nuit par une équipe de militants de Greenpeace et ce, jusqu'à dimanche soir. Ce vendredi 24 mars, Greenpeace a prévu des animations sur le thème de ‘Je vous sers un verre de déforestation ?’ à l'intention du public. Ces animations visent à éclaircir le lien existant entre un verre de lait de vache, une côtelette ou un pilon de poulet et la destruction de l'Amazonie.

Ce lien n'est autre que l'agro-alimentaire. Le soja, cultivé en Amérique latine en grande partie à des fins d'exportation, entre en effet dans la composition des rations destinées aux animaux d'élevage. Ce secteur absorbe le gros de la production mondiale de cette protéine végétale.

"Le Brésil s'apprête à intensifier sa production de soja et met en place de nouveaux mécanismes destructeurs. Depuis 30 ans, l'Amazonie brésilienne a perdu 17% de sa superficie totale. Or, cette région du monde doit rester vivante, pour l'incroyable biodiversité qu'elle recèle (30% des espèces terrestres) mais aussi pour les millions d'êtres humains qui y habitent. Le développement d'une culture industrielle, aux mains de quelques multinationales, ne contribuera en rien à l'emergence d'une economie durable, commente Veerle Dossche, de la campagne forêt de Greenpeace."

Les impacts de la culture intensive de soja sont nombreux : feux de forêts et déforestation, utilisation massive de pesticides et pollution des eaux, dégradation des zones naturelles notamment suite à la création d'infrastructures routières ou industrielles. D'autres impacts négatifs ont pu être démontrés lorsqu'il s'agit de la culture industrielle de soja génétiquement modifié, à savoir une diminution de la fertilité des sols, le développement de résistance aux herbicides et cetera.

" L'Argentine qui cultive du soja OGM à grande échelle depuis 1996, nous a montré à quel point ce type d'agriculture fomente une crise sociale et écologique, poursuit Karen Simal, de la campagne OGM de Greenpeace. Nous nous sommes déjà penchés sur le problème en Belgique et nous avons démontré que le secteur laitier peut se tourner vers une protéine cultivée localement comme le trèfle qui s'avère d'ailleurs plus rentable pour les agriculteurs.”

D'un point de vue social, la culture industrielle du soja se solde par une importante concentration des terres et une grande mécanisation et se traduit par des conditions d'emploi déplorables. Elle peut, à terme, porter atteinte à la sécurité alimentaire dans les zones de culture. C'est pourquoi Greenpeace demande au secteur de l'agro-alimentaire d'éviter dans les rations des animaux d'élevage le soja OGM ou originaire d'Amazonie et de remplacer le soja quand des alternatives sont disponibles.

Le tronc d' Angelim Vermelho restera visible jusqu'à dimanche soir, place de la Monnaie. Des brochures informatives seront disponibles sur place. Une équipe de militants de Greenpeace restera aux abords du tronc tout le week-end.

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