EPR en Finlande : Un permis de construire très précipité !

Le Gouvernement finlandais a accordé un permis de construire pour un nouveau réacteur nucléaire alors que la Commission Européenne a déclenché une enquête sur le financement de ce projet et que l'analyse de l'autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) n'est pas terminée.

Le Gouvernement finlandais a décidé aujourd'hui d'accorder le permis de construire pour un EPR (Réacteur européen a eau pressurisée), sur la base d'un rapport préliminaire de sûreté et sans réelle consultation du public. Cette décision a pour seule motivation de permettre à TVO de réduire ses couts en accélerant le processus. STUK a d'ailleurs a plusieurs reprise dénoncé la rigueur des délais qui lui étaient imposés et affirmé avoir du faire preuve de "souplesse" avec les procédures. "Commencer le chantier avant la finalisation de son analyse revient à mettre l'autorite de sureté devant le fait accompli. La précipitation n'est certainement pas une garantie de sérieux en matière de sûreté nucléaire", souligne Kaisa Kosonen de Greenpeace Finlande.


Ce permis de construire confirme que l'industrie nucleaire vit, en Finlande comme en France, dans un monde a part dans lequel les incertitudes economiques et le mepris des procedures sont de rigueur. La Commission Europeenne mene en effet en ce moment une enquete sur le financement de ce projet a la suite d'une demande adressee par Greenpeace France en Octobre 2004 et d'un recours depose par EREF (Federation Europeenne des energies renouvelables) en decembre 2004. Les taux d'interet preferentiels accordes par des banques allemandes et la garantie a l'exportation accordee par la COFACE a Areva (fournisseur de l'EPR) pourraient etre consideres comme des aides d'Etat illegales selon les regles de la concurrence.


En demarrant la construction maintenant, TVO prend le risque de lancer un projet au cout finalement majore de plusieurs centaines de millions d'euros. Si les regles du marche etaient respectees en matiere nucleaire, l'EPR finlandais aurait peu de chances d'etre competitif avec des filieres comme l'eolien qui connait une croissance record en Europe. Selon l'etude "Eole ou Pluton ?" realisee pour la France, a cout egal un reacteur EPR produirait plus de deux fois moins d'electricite et creerait cinq fois moins d'emplois qu'un programme eolien. "Le mythe d'un EPR competitif pourrait bien ne pas survivre a l'analyse du Commissaire europeen a la Concurrence !" conclu Helene Gassin de Greenpeace France.

Notes:
1. La consultation publique a ete organisee au printemps 2004 avant que l'on sache quels amenagements du design de l'EPR allaient etre necessaires pour remplir les criteres de surete finlandais. Le public n'a donc pas pu se prononcer sur un projet abouti. Greenpeace demandeune nouvelle consultation la publication de la documentation relative a la surete en anglais ou en francais.
2. Nucleonics Week, 18 Novembre 2004 et interview de Juhani Hyvarinen ( STUK) dans le journal "Vihrea Lanka" fevrier 2005.
3. Les echanges de courrier entre Greenpeace France et la Commission Europeenne sont disponibles sur demande. Le recours d'EREF est disponible a l'adresse suivante : http://www.eref-europe.org/downloads/pdf/2004/EPR_Finland.pdf
4. Agence francaise de credit-export garantissant pour le compte de l'Etat les exportations des industriels francais vers des pays a risque. La Coface a accorde a Areva (fournisseur de l'EPR) une garantie de 610 million d'euros. C'est le second plus important montant de garantie accorde a un projet et surtout la seule et unique garantie jamais accordee pour une exportation vers un pays membre de l'Union Europeenne et repute particulierement sans risque economique ou politique. Par ailleurs, le contrat entre TVO et Areva etant a cout fixe, les tres probables depassements seront a la charge d'Areva encore detenue a pres de 85% par l'Etat francais.
5. "Eole ou Pluton ?", Detente pour Greenpeace France, decembre 2003.

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